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Bob Slack , l’homme qui ressuscite les Aston Martin

Image - Bob Slack , l’homme qui ressuscite les Aston Martin

On peut commencer, encore enfant, par bricoler en Angleterre des motos de trail japonaises et devenir plus tard, en France, expert de la restauration des Aston Martin les plus rares et les plus emblématiques. C’est le cas de Bob Slack, le magicien entièrement dévoué à la marque qui opère à la concession Aston-Martin du Groupe BPM à Bordeaux. 

Pas de doute : ici, dans l’antre de Bob Slack, se retrouve toute l’âme d’Aston Martin. Sur les ponts de son atelier sommeillent paisiblement une DB6 Vantage et une DB2/4 MkIII, entourées de pièces frappées du logo ailé, éparses mais soigneusement rangées. Mais même sans elles, on se sentirait chez Aston Martin : à cause de cette atmosphère à la fois solennelle et sereine, respectueuse autant qu’amoureuse. A cause de ce quelque chose de subtil qui exhale la passion pure, l’amour du travail soigneusement exécuté, du métal façonné et des arts mécaniques élevés au plus haut degré de l’exclusivité et de la perfection.

C’est ici, à la concession Aston Martin de Bordeaux que Robert Slack – Bob pour ses amis et Heritage Manager quant à ses fonctions – opère ses cures de jouvence et ramène à la vie les voitures que lui confient les clients. Corrigeons : clients ils arrivent, et très vite ils deviennent bien plus que cela. C’est normal, explique-t-il modestement, ils sont souvent aussi dingues de la marque que lui.  


Avait-il vocation à devenir ce faiseur de miracles ? « L’amour des Aston-Martin, je l’ai eue très tôt, il y a plus de 50 ans, dans les années 70 ». Mais Bob a suivi un cursus un peu particulier. Celui des passionnés pur jus. « A proprement parler, je n’ai pas fait d’études en mécanique : j’ai tout appris sur le tas, par moi-même ». Pour ainsi dire dès l’enfance : « Dès l’âge de 10 ans, je bricolais des motos. J’adorais les japonaises, c’était comme une drogue ». Drogue dure avec accoutumance aiguë : dans son garage, les motos se sont rapidement accumulées sans mesure : « J’en ai eu jusqu’à 19 ! Pas des motos de route, j’étais plus attiré par les trails comme la XT500. J’y mettais par exemple des échappements sans silencieux ». Pour la performance et le son, pour décupler les sensations, évidemment. Et les Aston Martin ? La passion avait commencé plus tôt encore : « J’étais enfant, et mon oncle en possédait plusieurs. II avait un modèle Ulster d’avant-guerre, une DB4 puis une DB6 ».

J’étais tout jeune à cette époque, mais j’ai encore un souvenir très précis du son très distinctif et envoûtant de l’échappement des Aston Martin de mon oncle.

« A 16 ans, j’ai décidé de quitter l’école, et j’ai envoyé une lettre de motivation au concessionnaire Aston Martin de Londres, qui se trouvait à 10 kilomètres de chez moi. J’ai été embauché quelques semaines après ». Et depuis, Bob n’a travaillé que pour Aston Martin.

Entouré de voitures extraordinaires, il vit un rêve éveillé. « J’avais 16 ans et oui, c’était comme un rêve. Je travaillais 7 jours par semaine par pure passion et souvent jusqu’à 21h le soir ». En Angleterre d’abord, puis en France, chez Alain Aziza, qui l’a fait venir à Paris. Mais après quatre ans, pas vraiment emballé par la vie parisienne, Bob retourne en Angleterre. Au fil du temps, on le retrouve dans différents garages – Aston Martin, bien sûr – et c’est alors, en 2014, qu’Alain Aziza le rappelle. Il vient d’acquérir plusieurs Aston Martin de collection, et ne veut confier leur restauration qu’à une personne d’absolue confiance : Bob.  Et comme cette activité de restauration n’est pas basée à Paris, mais au sein de la concession Auto-Performance de Bordeaux, Bob refait volontiers ses valises et retraverse la Manche.

Cette fois, l’installation, dit-il, est définitive. La région lui plaît, et il adore le job. « C’est à la fois très exigeant et absolument passionnant de restaurer une Aston Martin ».

Dans toutes ses parties, visibles aussi bien qu’invisibles, moteur, châssis, transmission, une Aston Martin présente des spécificités bien particulières.

C’est la raison pour laquelle on ne s’improvise pas restaurateur des voitures de la marque. Il faut une longue pratique de ses charmes et secrets avant de se lancer. « Il est admis dans le milieu qu’il faut un minimum de 10 ans d’apprentissage pour acquérir le savoir-faire nécessaire à la restauration d’une Aston Martin ». Et Bob a déjà bien plus que cela. Dès son retour en France, il restaure 6 voitures. Entièrement. Le voilà super-initié, détenteur de savoirs uniques, magicien chevronné.

C’est connu : plus on sait de choses, plus on veut en savoir. Aussi la fascination de Bob pour Aston Martin n’en finit pas de croître. Et l’aspect humain, ainsi que l’environnement dans lequel il évolue et s’accomplit, sont pour lui sources de motivation supplémentaires. Aston Martin Bordeaux appartient au Groupe BPM (Bornhauser Performance Motors), dont il partage les valeurs.

Il y a notamment cette « passion partagée au plus haut niveau », qui fait une authentique différence. Et Bob de rappeler l’enthousiasme de Patrick Bornhauser pour la marque, « avec laquelle il a notamment participé aux 24h du Mans : une DBR9, qu’il possède toujours ». Forcément, Bob se sent en phase.


Pour lui, les Aston Martin se distinguent de toutes les autres sportives, d’où qu’elles viennent. Fussent-elles anglaises.

Une Aston Martin reste une GT à la distinction inégalée. Il y a un petit quelque chose d’absolument exclusif qui se dégage d’une Aston Martin et qui transcende son côté british.

« Que ce soit au niveau du design de la carrosserie, de l’atmosphère intérieure ou de la sonorité des moteurs, une Aston Martin se trouve dans une classe à part ».  Sportive, mais avec une touche de raffinement subtile qui la rend véritablement unique. C’est ainsi que dure l’enchantement de Bob, magicien d’Aston Martin qui redonne vie à des voitures mythiques.      

Post Scriptum : Si vous rêvez d’une Aston Martin DB6 Vantage, sachez que la superbe voiture noire que l’on voit sur une photo d’ouverture de notre reportage est en vente. Une restauration signée Bob Slack !


Crédit photos © Dominique Fontenat